Cyclisme

Prudhomme : "Merci Monsieur Alaphilippe"

Prudhomme : "Merci Monsieur Alaphilippe"
Christian Prudhomme © MARQUET Frédéric
Christian Prudhomme est un directeur de Tour de France ravi. Cette édition 2019 n'a jamais semblé aussi ouverte, l'engouement autour de la Grande Boucle est toujours intacte - il a pu le constater au départ de Saint-Flour ce lundi matin - et le grand bonhomme de cette première semaine de course est Français. Il s'agit de Julian Alaphilippe, à qui le grand patron du Tour a tenu à rendre hommage.

On le savait, l'Auvergne est une terre de cyclisme. L'engouement qu'il y a à Saint-Flour ce lundi au départ de cette 10e étape le confirme...

« On est évidemment ravis d'être à Saint-Flour, ravis d'être dans le Cantal. Devant moi, il y a le podium de départ, il y a un monde fou. Les gens ont le sourire. C'est l'atmosphère qu'on connaît depuis le départ du Tour de France, qu'on rencontre très souvent sur le Tour et peut-être plus encore cette année avec une édition 2019 partie de Bruxelles, en l'honneur d'Eddy Merckx pour les 100 ans du Maillot jaune. Et cette émotion, elle vit encore tous les jours, grâce aux performances notamment des coureurs français, grâce à Julian Alaphilippe, grâce à Thibaut Pinot.»

 

Le scénario de cette édition 2019 doit vous ravir...

« Lors du briefing général d'avant-course, j'ai dit aux coureurs ''c'est le centenaire du Maillot jaune. Nous sommes placés sous l'ombre protectrice du plus grand champion de l'histoire, Eddy Merckx, l'homme des chevauchées impossibles. Inspirez-vous de lui.'' Et c'est ce qu'ils font depuis le départ et notamment Julian Alaphilippe. Bien évidemment que je suis très content. Par le scénario général, par la foule au bord des routes. Le mur d'Aurec, hier (ce dimanche, lors de l'étape Saint-?Étienne - Brioude, NDLR), c'était incroyable, c'était phénoménal. On sait aussi très bien que lorsqu'on vient dans le Centre de la France, on vient dans une région qui aime viscéralement le vélo et le Tour de France. Les racines du Tour de France sont rurales. Et ce monde-là est content de voir le Tour. Nous, ça nous fait un plaisir fou. Là, on est à Saint-Flour, où on est techniquement parfait. Tout est juste à côté : le village du Tour, la présentation des coureurs, les bus d'équipes. C'est vraiment formidable. »

 

« Il met le feu n'importe où et partout, il est aussi là quand on l'attend »

 

Pourquoi le Tour semble si ouvert cette année ? Est-ce dû au tracé ?

« Le tracé est toujours fait dans le même esprit. En étant très à l'Est cette année, on trouve plus facilement des reliefs. Mais on ne va pas délaisser pendant des années la Vendée, la Bretagne, le Nord ou la Normandie. Il faut qu'on aille partout. Non, je veux tirer un coup de chapeau et dire merci à Monsieur Alaphilippe. Parce que l'année dernière, dans les étapes de Bretagne, l'étape de Quimper, l'étape de Mûr-de-Bretagne, si l'équivalent Julian Alaphilippe avait attaqué, tout le monde aurait dit ''c'est formidable''. Donc, c'est d'abord lui, parce qu'il met le feu n'importe où et partout. Il est aussi là quand on l'attend, ce qui est bien évidemment quelque chose de très important. Ensuite, parce que Thibaut Pinot est juste derrière. Parce que peut-être que la grave blessure de Chris Froome, absent du Tour, a fait que certains parmi ses rivaux se disent "il y a peut-être une ouverture" et on met le pied dans la porte qui s'entrebaîlle. Et à ce moment-là, tout est possible. »

 

Vous parliez des Français. Croyez-vous en leurs chances de victoire finale ?

« Bien sûr. Maintenant, il ne faut pas non plus se tromper. On a fait un tiers du Tour. La haute montagne, les Pyrénées et les Alpes n'ont pas encore été abordés. L'équipe favorite, c'est bien toujours l'ex-Sky, le Team Ineos, avec Geraint Thomas, le tenant du titre, et avec le jeune Colombien Bernal. Mais avec ce qu'a montré Thibaut Pinot ces derniers jours, avec une sérénité incroyable, avec ces 28 secondes, avec les bonifications, prises sur la route de Saint-Étienne. C'est du concret. Il reste deux semaines, il faut franchir la haute montagne. Mais c'est vrai que depuis 20 ans, on n'a jamais vu de Français dans une position pareille après 8 jours de course. »

 

« On n'a jamais vu de Français dans une position pareille depuis 20 ans »

 

On a vu Julian Alaphilippe attaquer à plusieurs reprises depuis le début du Tour. Romain Bardet est passé à l'offensive aussi, ce dimanche, dans la côte de Saint-Just. On a l'impression que les coureurs français veulent se faire plaisir et se disent aussi que c'est peut-être en étant offensifs qu'ils réussiront quelque chose ?

« C'est ce que Bernard Hinault réclame depuis des années en disant ''c'est d'abord un jeu, jouez". C'est ce que fait clairement Julian Alaphilippe, c'est ce que feront, je n'en doute pas, un Warren Barguil ou un Romain Bardet dans les jours à venir. Thibaut Pinot va peut-être moins jouer mais il répète à l'envi qu'il est "heureux et qu'il se fait plaisir". Et bien, que ça continue comme ça. L'étape de Saint-Étienne, par exemple, était parfaite. Que Thomas De Gendt, qui a fait 200 kilomètres d'échappée, puisse aller au bout. Que les deux Français derrière se tirent la bourre, un pour le Maillot jaune, l'autre pour la victoire d'étape, c'est formidable. Hier (ce dimanche), à Brioude, il y avait aussi beaucoup d'émotion, avec du monde partout, des gens qui applaudissent, qui encouragent les champions et qui aiment le vélo. Je le sais par nos courses et je le sais aussi quand je viens en vacances ici. »

 

Ces bonifications offertes au sommet des dernières difficultés donnent aussi un peu plus de piment à la course. Sans elles, Julian Alaphilippe n'aurait peut-être pas attaqué à Saint-Étienne. Cela fait partie des points positifs de ce début de Tour de France...

« Sans aucun doute. Nous les avions mises en place l'année dernière et cela n'avait pas marché. Nous étions convaincus avec Thierry Gouvenou que c'était une bonne idée. L'an passé, c'était seulement lors de la première semaine de plaine, là, c'est sur tout le Tour de France. Et puis, nous avons surtout obtenu de l'Union Cycliste Internationale (UCI) et du Conseil du Cyclisme Professionnel d'avoir des bonifications supplémentaires. Pour avoir davantage d'intérêt, d'explosivité et d'attractivité dans le Tour, il faut essayer d'améliorer les choses par petites touches. Parfois ça marche, parfois ça ne marche pas. Mais quand on est convaincus d'avoir une bonne idée, on ne s'arrête pas en chemin même si les faits semblent nous donner tort. L'idée était bonne, il fallait que les bonifications soient plus importantes. On l'a obtenu cette année. Et cela change les choses. Alaphilippe attaque, derrière, on voit que Pinot ou Bernal essaient aussi de chasser ces bonifications. »

 

« Rentre à l'hôtel »

 

Un mot sur l'engouement autour de Julian Alaphilippe...

« On avait aussi vu ça avec Warren Barguil sur le Tour 2017, après ses deux victoires d'étapes et le Maillot à pois. Mais là, Julian est Maillot jaune, il est de Montluçon, de Saint-Amand-Montrond, du Centre de la France. Il est très sympa et très apprécié. Je me dis souvent à moi-même le soir mais "rentre à l'hôtel". Il ne s'économise pas, ni en course, ni avec les gens. Après, il faut que chacun comprenne bien qu'à un moment, il faut faire en sorte qu'il puisse aussi récupérer afin qu'il puisse encore nous faire rêver davantage. »

 

Manuel Caillaud


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1 commentaire

nar2 a posté le 16 juillet 2019 à 08h27

Qu’il le veuille ou non il y a une inégalité entre les départements dont certains ne voient que rarement passer le tour quand d’autres sont traversés très souvent ; et je ne parle pas des départements alpins ou pyrénéens car le tracé ne peut évidemment pas les éviter

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